Pensée unique

27 septembre 2007

Ce soir, j'ai raté mon train. Bon, ce n'est pas bien grave car il passe tous les quarts d'heure. Même si cela me prend autant de temps pour rentrer à pied, ben tant pis, je décide d'attendre le train quand même (il fait froid ce soir, non ?).

On aura beau dire, mais attendre le train sur la voie n°2 triste à pleurer à la Défense, eh bien ce n'est pas ce que je préfère. Sans livre dans mon sac, sans sudoku ni MP3, le temps ne passe pas bien vite. Alors je regarde les gens passer du coin de l'oeil. Je regarde les chaussures de la dame ou la coiffure du monsieur. C'est très intéressant...

Je sens que les autres personnes qui attendent autour de moi en ont marre d'attendre, comme moi. Et là, à force de patience et de comatage, j'entends le tchoutchou du train qui pointe le bout de son nez à l'autre bout du quai. Enfin.

Je ressens alors une grande joie, un soulagement salvateur. C'est dingue comme un simple train peut provoquer un tel contentement.
Mais le chose qui finalement m'intéresse, c'est que je suis sûre qu'à cet instant T, tous les gens qui se trouvent sur cette voie n°2, ces mêmes personnes que j'ai observées peu de temps avant, eh bien je suis sûre que ces gens ressentent la même chose que moi. Il suffit de voir le déplacement de masse qui se produit à ce moment-là.

Bien sûr, il y avait ceux qui avaient déjà pris de l'avance et s'étaient postés au premier plan dès leur arrivée sur la voie. Sans doute de peur de ne pas pouvoir être à la place qu'ils souhaitent à bord du train.
Mais il y a surtout tous ceux qui, dès que l'affichage "train à l'approche" s'est mis à clignoter sur l'écran, se sont précipités le long du quai en trépignant, leurs yeux fixés sur le train qui arrive à leur hauteur.

Là, le doute n'est plus permis : on a tous les mêmes pensées, le même soulagement, le même "c'est pas trop tôt" au bout des lèvres.
Les costumes, les talons, les attaché-cases et les PC portables s'engouffrent alors dans les wagons, direction la maison et le repos du guerrier.

Une fois dans le train, je serais bien en mal de pouvoir deviner à quoi les gens pensent... Le phénomène de masse est terminé. Le grand élan commun reprendra ses droits demain.

J'ai hâte...