Je mate à gauche, je mate à droite (poème)

J'ai la méchante habitude, il est vrai
D'observer, de regarder, de lorgner, de mater
Dans la rue, par les fenêtres, à la porte des troquets,
Les gens de toutes sortes, les quidams, les paumés.

C'est pas qu'leurs vies m'intéresse forcément,
Je ne suis pas vraiment très psychologue,
J'regarde leur dégaine, tout simplement
Puis aussi leurs habits, souvent en vogue.

Tiens ? Les pompes que j'aurais bien achetées,
Et celle-ci porte la jupe que je recherche.
M'en voilà toute déprimée,
Ca m'apprendra à mater les derches !

Hier soir, de sortie Olympia nous étions,
Une p'tite sortie, avec l'Oiseau à mes côtés,
Un concert de sacrés fanfarons,
Les Joyeux Urbains, vous connaissez ?

Ca n'a pas loupé, évidemment,
Mes yeux commencent à fendre l'air
A la recherche de tous ces gens,
Les cibles de mon coup d'oeil circulaire.

La placeuse a le cul bas,
Notre voisin fait d'la gonflette,
Celui-là n'aurait-il pas une jambe de bois ?
Et elle, de son pull on voit l'étiquette !

Je mate d'accord, mais attention !
Pas de cancans, de réflexions
Tout se fait dans la discrétion,
L'observation, c'est tout un art, voyons !

Il est souvent coutume de dire,
"Enlève la poutre qui, dans ton oeil brun,
T'empêche de voir et de sentir
La paille dans l'oeil de ton voisin".

Arrêtons là les grands discours,
Il suffit que je mette un cierge...
Peut-être pourrais-je prendre des cours,
Et enfin... devenir concierge !